Legolas, l’elfe sexy du « Seigneur des anneaux », Will ­Turner dans « Pirates des Caraïbes », Orlando Bloom interprète Buckingham dans la nouvelle version – en 3D – des « Trois mousquetaires » d’Alexandre Dumas, adaptée par Paul Anderson. C’est un homme charmant, très ­charmant même, qui adore son métier et particulièrement ce film. Mais – fatigue ou l’ennui –, il évite bizarrement votre regard. Mais comment en vouloir à un homme qui a un soleil tatoué sur le ventre ?
 

Paris Match. “Les trois mousquetaires” est un film de plus à votre palmarès avec une épée et un cheval. Est-ce le manque d’imagination des metteurs en scène, ou y a-t-il quelque chose de spécial en vous qui fait que, dès qu’un film d’époque est dans l’air, c’est vous qu’on appelle en premier ?
Orlando Bloom. Je refuse de rester prisonnier d’un genre. Coup sur coup, je viens de jouer une rock star, un flic et un docteur. Je me vois comme quelqu’un de très contemporain, de très moderne. C’est, j’imagine, ce que recherchent les metteurs en scène pour ajouter un peu de modernité à leurs personnages, mais je reconnais que j’ai du mal à comprendre ce qu’ils voient exactement en moi. Le roman de Dumas était sur la liste des livres qu’on vous donnait à lire quand vous étiez à l’école. Comme tous les gosses de mon âge, j’étais fasciné par cet univers. Imaginez ma réaction quand on est venu me proposer ce rôle !

Vous êtes arrivé, aujourd’hui, là où d’autres jeunes acteurs rêveraient d’être. Avez-vous une idée précise de ce que vous voulez faire de votre vie ?
J’ai passé ma vie à courir, au point de ne même plus savoir qui j’étais. Je n’ai jamais eu peur de rien. A 21 ans, en faisant des acrobaties sur un balcon, je suis tombé d’une fenêtre. Je me suis brisé le dos et j’ai cru que je ne remarcherais jamais. Après les trois “Pirates des Caraïbes”, je me suis dit qu’il était temps que je me pose et que je change de rythme pour me retrouver. Je suis totalement habité par mon nouveau rôle de père. Aujourd’hui, ma priorité absolue est mon fils Flynn. Il est devenu le centre de ma vie. Dans sa perfection, je vois toutes mes imperfections. Grâce à lui, je prends conscience de la fragilité de la vie et du temps qui passe. Je n’ai plus du tout envie de courir la planète comme un dératé, je veux passer du temps avec lui. Je veux le regarder grandir.

"J’ai la foi, foi en la vie, foi en quelque chose d’immense qui nous dépasse"

Comment le voyez-vous ?
 Comme une page blanche où tout est encore à écrire, avec le potentiel de devenir une magnifique personne. Quand j’étais enfant, j’étais dyslexique. Bien que ce handicap m’ait motivé pour avancer, je doutais de tout. Je veille à ce qu’il ait une bonne éducation, pour qu’il ait confiance en lui.

Depuis “Pirates des Caraïbes”, vous êtes la nouvelle idole de Hollywood. Comment faites-vous pour ne pas être happé par la célébrité ?
J’ai la foi, foi en la vie, foi en quelque chose d’immense qui nous dépasse. Ma foi est la même que celle du bouddhiste, que celui qui aime faire du yoga ou prier dans une mosquée. La foi vous rend humble. C’est si facile, dès qu’on a un brin de célébrité, de croire que tout vous est dû ! Je sais d’où je viens et qui je suis. J’ai pris des cours de théâtre pour être acteur, pas pour être célèbre. Etre célèbre n’est pas une excuse pour faire n’importe quoi. L’argent et la gloire, je m’en fous. Ce qui compte, ce n’est pas qui vous êtes, mais ce que vous faites. Chacun de nos actes, aussi insignifiant soit-il, peut avoir des répercussions sur l’humanité. Quand une femme noire, Rosa Parks, en 1955, refusa d’aller s’asseoir à l’arrière d’un autobus pour laisser sa place à un Blanc, elle a changé le cours de l’Histoire.

En juillet 2010, vous avez épousé Miranda Kerr dans le plus grand secret. Une performance, à notre époque ! Comment avez-vous fait pour qu’il n’y ait aucune fuite ?
Un dicton anglais dit grosso modo : “A partir du moment où le chat sort son museau de la boîte, c’est foutu !” Si vous voulez garder un secret, ne le confiez à personne !

En dehors du cinéma, avez-vous une passion qui vous dévore ?
Une seule : mon fils, mon fils, mon fils. J’ai d’ailleurs envie dorénavant, comme le fait souvent Johnny Depp, de ne tourner un film – ou des films – que pour mon fils et, qui sait, peut-être plus tard pour mes autres enfants.

Source : Paris-Match